Cette pièce s’inscrit dans le prolongement de ma réflexion sur les rapports peinture-musique, commencée avec Nicolas de Staël dans mon concerto pour alto Les Rayons du jour et continuée avec Turner. Le titre est en effet issu d’une toile de Whistler Nocturne en bleu et or : la baie de Southampton, l’une de sa série des « Nocturnes » que Debussy admirait particulièrement. L’allusion à Debussy est ici volontaire, la facture de ce tableau (« Un nocturne est tout d’abord un arrangement de lignes, de formes et de couleurs », disait Whistler) correspondant à la liberté de la forme chez Debussy, liberté dont nous sommes les heureux héritiers. D’autre part, mon travail compositionnel étant particulièrement axé sur l’expression du mouvement, j’ai voulu traiter ici son antidote, l’immobile, le silence, la paix intérieure admirablement évoqués dans cette toile, immobilité au sein de laquelle renaît le mouvement, de façon d’abord fugitive, puis éclatante. D’où la structure en miroir de cette pièce allant de l’immobile au mouvement et du mouvement à l’immobile.