Moïra. Un concerto pour violoncelle et orchestre. Sonia Wieder Atherton.
Ayant écrit en 1995 un concerto pour violon, Exultet, ainsi qu’une pièce pour cordes Siloel, je désirais compléter un cycle consacré aux cordes. Violoniste de formation, mon univers sonore s’est élaboré dès l’enfance à partir du monde des cordes, lequel se trouve lui-même au principe de mon travail sur le timbre. Progressivement, s’est imposée la nécessité d’échapper aux fixités sonores, de repousser les limites formelles, d’éviter les contours qui cernent trop vite la matière sonore, de tirer pleinement profit de ce formidable réservoir de timbres généré par les cordes et leur remarquable fluidité. A cette nécessité de la transformation du son correspond toute une symbolique du passage et de l’interpénétration de mondes divers : passage d’un monde sonore à l’autre, mais aussi passage du dit au non-dit, du conscient à l’inconscient, du monde réel au monde imaginaire.
Le violoncelle, traité le plus souvent de manière incantatoire, alors que l’orchestre évoque plutôt le Khoros par une certaine utilisation des cordes, est ici cet instrument du passage, ce fil d’Ariane qui, de seuil en seuil, relie l’origine à l’inconnu, suivant un itinéraire par essence tragique. Moïra signifie destinée en grec et est aussi à l’origine des Moires, ces déesses grecques qui veillent sur le destin des hommes.
Edith Canat de Chizy
Enregistrement :
1 CD Timpani, 1C1048
Exultet – Siloël – Moïra
Philharmonie de Lorraine, L. Korcia, S. Wieder-Atherton, P. Rophé